Dimanche 19 février à 18h10
ciné classique
Tout ce que le ciel permet (1955 Douglas Sirk)
L'histoire:
Dans une petite ville du Connecticut, Cary Scott, une veuve séduisante, mène une vie monotone. Ses enfants, devenus adultes, redoutant qu'elle ne vieillisse seule, la poussent dans les bras de Harvey, un quadragénaire aisé. Or, contre toute attente, Cary tombe amoureuse de Ron Kirby, son jardinier, nettement plus jeune qu'elle. Apprenant la nouvelle, ses enfants s'insurgent.....
Le mélodrame :
Il aura fallu les éloges de Godard ou de Fassbinder pour faire taire ceux qui ne voyaient en Douglas Sirk que l’équivalent cinématographique des romans à l’eau de rose.
Pourtant, loin de crouler sous la guimauve, le spectateur se voit terrassé par cette histoire qui possède la force des grandes tragédies.
Il faut se battre, briser les barrières sociales et morales, si l'on veut vivre pleinement dans cette Amérique des années 50, engoncée dans ses préjugés. Pour Sirk, féministe convaincu, la femme n'est ici ni l'incarnation d'un modèle fantasmé, ni un substitut d'homme mais un être à part entière avec ses doutes, ses désirs, ses angoisses..
Qui est Douglas Sirk ?
Né à Hambourg de parents danois, Detlef Sierck de son vrai nom, a 35 ans lorsque Hitler arrive au pouvoir. Metteur en scène de théâtre reconnu, il devient réalisateur de cinéma dès 1934. Remarié à une juive, il est contraint de partir vers Hollywood avec un secret, qu'il cachera toute sa vie : l'atroce destin de son fils, né d'un premier mariage, qu'il n'aura jamais le droit de revoir après son divorce....
L'influence de Sirk :
Tous les grands réalisateurs,de Pedro Almodovar à Quentin Tarantino en passant par François Ozon se réclament de Sirk. Fassbinder réalisa d'ailleurs un remake de ce film avec "Tous les autres s'appellent Ali" et Todd Haynes fit de même avec " Loin du paradis".
Notre avis :
Chef-d’œuvre incontestable, somptueux, sophistiqué et bouleversant mais aussi film étonnamment moderne et d'une grande cruauté.
Le travail sur la couleur et la lumière, toujours inventif, oppose la chaleur des intérieurs « humains », ceux de Ron le jardinier, ou de Cary, à la froideur des salons mondains...
Peut-être n’a-t-on jamais affirmé avec une telle force, et une telle retenue, à quel point le désir féminin est insupportable aux autres. Pour avoir tenté de rompre avec cet enfermement qui lui est imposé, Cary se heurte à la violence sociale et aux rejets multiples
Les plans qui terminent le film (le cerf passant devant la baie vitrée de la maison de Rock Hudson) sont parmi les plus beaux de l'œuvre de Sirk...et nous renvoient à la biche qui apparaît, en hommage, dans le premier plan de 8 femmes (Ozon).
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