6 septembre 2021
MIDNIGHT TRAVELER
Un couple de cinéastes afghans et leurs fillettes filment leur route migratoire avec trois téléphones. Saisissant.
En 2015, le cinéaste Hassan Fazili est contraint de quitter l’Afghanistan, après avoir été menacé de mort suite à la diffusion de son documentaire sur un chef taliban repenti. Il prend alors la route avec son épouse, la réalisatrice Fatima Hussaini, et leurs deux filles, Nargis, 8 ans, et Zahra, 3 ans, pour chercher refuge en Europe. Avec trois téléphones portables pour seul matériel de tournage, il décide de documenter leur périple de deux ans et 5 600 kilomètres jusqu’en Hongrie : le commerce des passeurs, l’inhumanité des camps de réfugiés, la violence de gangs locaux contre les migrants…
Enclenchées dans les camionnettes cahotantes, au cours des marches nocturnes ou dans le chaos d’une agression, les caméras précaires des téléphones deviennent les tensiomètres de leurs corps haletants. Épuisés, les Fazili endurent le froid, la faim, l’enfermement, les nuits au bord de la route. « Le chemin de la vie passe par l’enfer », dit la petite voix de Nargis en incipit, citant le conte philosophique afghan Ego monstre. C’est bien la vie malgré tout qu’exhale Midnight Traveler, puissant documentaire. Le couple filme avec tendresse les bouilles expressives de ses petites filles, se décarcasse pour leur rendre l’exil supportable et maintenir une once de légèreté dans leurs vies d’enfants. L’irrésistible Nargis, grosses lunettes et yeux rieurs, s’empare parfois de la caméra pour livrer son regard sur la situation. En Iran, pendant la traversée d’un champ dans l’urgence, elle trouve les montagnes belles comme une peinture ; croit entendre voler un perroquet dans la forêt turque… Ces petits moments de poésie, l’amour et la joie inextinguibles des Fazili enchantent le film. Ode à la vie, Midnight Traveler est un témoignage unique des tourments de la route migratoire et un acte de résistance intrépide au régime taliban. Critique par
Marie-Hélène Soenen Télérama.
Court-métrage
La soirée débute par le court-Métrage de Freedom is mine de Mahmoud Salameh (3mn 30) disponible à l'Agence du court-métrage.
Esseulé en mer sur radeau de fortune, un homme tentant de fuir son pays est finalement sauvé par une patrouille côtière.
Débat
Le débat qui suivra la projection sera animé par Kenza HOLTZ, relais régional d'Amnesty International pour les réfugiés et l'asile.
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