Dimanche 2 avril à 18h20
La lettre inachevée de Mikhaïl Kalatozov (URSS 1960) (1h36). Quatre géologues partent en expédition au cœur des forêts de Sibérie, à la recherche d’un gisement de diamants. Le petit groupe explore sans relâche terres et rivières. L’automne arrive et il leur faut rentrer. Mais au moment du retour, les éléments se déchaînent et ils doivent affronter les pires difficultés.
Nos pensées les plus sincères vont au peuple Ukrainien agressé par son voisin russe - mais aussi au peuple russe - tous deux écrasés par la menace du même homme. Dans son film, Kalatozov contait les ambitions soviétiques, sur l’autel desquelles furent sacrifiées bien des vies. Aujourd’hui, le passé éclaire le présent : ce sont d’abord les civils qui souffrent des tyrans et des guerres iniques qu'ils provoquent.
Kalatozov, né à Tbilissi capitale de l'actuelle Géorgie, a réalisé ce film méconnu après l'immense succès de Quand passent les cigognes (Palme d'or à Cannes 1957) et peu avant Soy Cuba (1964).
Accompagné de son génial chef-opérateur Sergueï Ouroussevski, le réalisateur s'éloigne très vite de la dimension propagandiste du roman à l'origine du film pour se focaliser sur les paysages et l'environnement hostile de la Sibérie qui devient un personnage à part entière, à la fois filmé comme une force à combattre et à soumettre, dans la plus pure tradition productiviste et matérialiste portée par le communisme, mais également utilisée sous l'oeil de sa caméra comme une force destructrice indomptable.
Le tournage fut épique par les choix du réalisateur de paysages sublimes dans des lieux reculés, ce qui ne fut pas sans poser de sérieux problèmes logistiques...
Tatiana Samoilova, l'inoubliable Veronika de Quand passent les cigognes, incarne ici la seule femme de l'expédition.
Malgré la virtuosité éclatante du résultat final, le film repart bredouille du Festival de Cannes et le public russe le boude....Une injustice qui confère au film un statut de film maudit, malgré l'influence manifeste qu'il semble avoir eu sur des réalisateurs aussi variés que Andreï Tarkovski, Terrence Malick ou Alejandro Gonzalez Inarritu.
"Grande fresque panthéiste ? film de survie ?"
"On sort de la projection groggy, en fusion totale avec cette démesure visuelle"
De tous les films « en immersion », La lettre inachevée est certainement l’un des plus réussis !
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